Suite à sa participation au regroupement d'aikido qui s'est déroulé le 10,11 et 12 avril dernier, notre ami Faouzi Mejdoub a écrit un passionnant article retraçant ces impressions sur le déroulement du stage. L'article est un regard à la fois sensible, passioné et critique qu'il ne vous laissera point indifférent...
VARIATIONS SUR UN THEME(à propos du regroupement d’aïkido des 10/11/12 Avril 2009)
Dernièrement a eu lieu à Tunis un stage d’aïkido sous la conduite de maître Hamid SILEM (6ème dan) et maître Naceur ROUIBEH (6ème dan), tous deux venus d’Alger. Les stages sont assurément un excellent moyen de sortir du cercle finalement assez étroit de son Dojo. D’aucuns pourraient se poser la question sur l’utilité d’aller chercher ailleurs ce que l’on a dans son dojo puisqu’il s’agit toujours de l’aïkido! Interrogation tout à fait légitime. A mon humble avis cette «ex-cursion» est très importante dans notre «quête aîkidocale». Les raisons peuvent être multiples parmi lesquelles je vais citer celles qui sont le fruit de l’état actuel de ma réflexion qui ne s’appuie malheureusement que sur une toute petite expérience : pour cela ami lecteur aïkidoka je demande ton indulgence.
1/ L’environnement familier du dojo constitué d’éléments matériels immuables et de partenaires personnalisés procure un certain confort moral. Notre processeur biologique prend possession de cet univers, le catégorise et le considère comme une constante dans le traitement des différentes variables propres à une situation d’apprentissage de nouvelles techniques. On se concentre sur la nouvelle technique et sur sa mise en pratique. Le partenaire dans certains cas est un ami, dans d’autres un proche camarade, mais dans tous les cas de figure on connaît une grande partie de ses forces, ses faiblesses, ses blocages, et on sait par-dessus tout si on peut «travailler» avec lui ou pas. Le dojo participe aussi à ce confort moral en ce sens qu’on est habitué à la qualité de son éclairage, à la disposition de ses miroirs, à l’emplacement de ses piliers, aux bosses de ses mauvais tapis, à son horloge bien en vue qui va raccourcir notre calvaire ou notre plaisir selon le cas……
Le dernier élément de cet environnement familier est le maître de dojo : il en est même l’élément le plus important. Tu reconnais son style, tu as une perception plus ou moins consciente du schéma général de ses déplacements, de l’exécution des techniques, de la conduite de ses séances. Tu peux interpréter son attitude au moment où il évalue l’exécution d’une technique à travers un geste ou un regard.
Ami lecteur aïkidoka ça c’est ton petit univers statique où tu vas paramétrer tes outils de perception pour les adapter à ces constantes. Une fois ce travail accompli, d’une façon quasi- mécanique, tes neurones et tes instincts se concentrent sur les techniques. A toi de voir maintenant, ami lecteur aïkidoka, si l’évolution dans un cadre différent de celui décrit plus haut peut engendrer plus de bien que de mal ou le contraire.
A méditer…..
2/ Un autre élément important qui me pousse à considérer les stages, ou d’une manière générale les regroupements inter-clubs, comme enrichissants, vient de l’exécution même des techniques : s’il est vrai que l’aïkido est «un», il n’en demeure pas moins vrai qu’il est continuellement enrichi par l’apport d’aïkidoka qui ont apporté leur pierre dans cette œuvre monumentale de l’esprit. Des styles particuliers, sans pour autant être des déviations, sont venus enrichir la pratique de l’aîkido par une perception différente, pour ne pas dire originale, des grands principes qui guident cette discipline : je préfère à ce titre là parler de « nuances » en aîkido (nuances aîkidokales ou nuances aîkidoesques ! qu’est ce que tu en penses ami lecteur aïkidoka ?).Ne pas voir ce qui se fait ailleurs revient à réinventer continuellement la roue. Et quel meilleur exemple que la roue pour continuer à tourner en rond dans les méandres giratoires si chers à O’senseï ? Pour ma part j’en ai le tournis ! et toi qu’est ce que tu en penses ami lecteur aïkidoka ?
Réflexion……..
3/ Le fait qu’il n y ait pas de compétition en aïkido vient encore renforcer cette tendance vers les stages et les regroupements inter-clubs. Si la compétition a pour finalité de démontrer la suprématie d’une technique par rapport à une autre, ce qui est loin de l’esprit aïkido, les regroupements sont autant d’occasions de voir comment une même technique est perçue et appliquée différemment en dehors de tout contexte agressif, compétitif ou hégémonique. Cela reflète, si besoin est, l’esprit de tolérance de l’aïkido, par opposition à l’esprit d’hégémonie que tente d’appliquer une technique par rapport aux autres. Qu’en penses-tu ami lecteur aîkidoka ?
Réflexion……
Les moments « plaisir »
Ce stage a été à mon humble avis un grand moment de l’aïkido en Tunisie : c’est comme cela que nous étions quelques uns à le percevoir. Le degré de maîtrise de leur art de la part des maîtres Hamidou et Naceur doit être souligné. C’est un art consommé tant sur le plan du fond que de la forme. Sur le plan du fond c’est un véritable régal de voir autant d’efficacité et d’élégance dans la présentation des techniques.Ce « cour magistral » (n’ayons pas peur des mots) s’appuyait sur des lignes directrices parfaitement illustrées interprétant des grands principes comme: l’absorption de l’attaque du partenaire ; l’action-réaction ; les centres de gravité ; l’ouverture-fermeture ; la prise de possession du centre de l’adversaire ; la perturbation de l’assurance de celui qui attaque ; les déplacements, changements d’axes et autres esquives ; l’efficacité dans l’élégance…..et il y en a certainement d’autres qui m’ont échappé vu mon très humble expérience dans cette discipline.
Sur le plan de la forme, c'est-à-dire de la conduite du stage, il faut souligner le parfait binôme constitué par ces deux maîtres. Il y a de la complémentarité dans les deux styles ; il y a de l’amabilité inné et de l’humilité ; il y a un réel désir de nous éclairer la voie, de nous guider sans démagogie. Il y a une quête continue dans la recherche de formulations variées pour nous expliquer de différentes manières les grands principes de cette discipline. Il n’y a avait ni pédentisme ni arrogance mais uniquement de la passion. Ils se sont adressés à nous avec beaucoup de cœur pour nous transmettre leur art et leur passion. Pour tous ces moments de grand kif que vous nous avez procuré je vous dis du fond du cœur merci et à quand la prochaine ? Je te souhaite ami lecteur aïkidoka de connaître de pareils moments surtout si comme moi, ces derniers temps, tu te poses des questions sur ce que cette discipline peut t’apporter. Le contexte particulier dans lequel j’ai été amené à pratiquer cette discipline fait une grande part à la notion « d’avoir du plaisir à faire ce qu’on fait » ! De grands moments comme ceux qu’on a vécu avec Maître Hamidou et Maître Naceur te réconcilient avec tes choix.
A méditer…
Les moments « à oublier » :
Il est vrai qu’il faut de tout pour faire un monde et la communauté des aïkidoka n’échappe pas à cette règle. Il n’ y a pas que des anges dans cette communauté, loin s’en faut. Les notions d’humilité, d’aider l’autre, de tolérance, d’éternel apprenant, sont loin d’être universellement partagées dans cette communauté. On y trouve beaucoup d’individus qui ont l’assurance et les certitudes des gens à l’esprit étroit. Gravir les échelons en aïkido est une chose relativement aisée étant donné entre autres l’absence de compétition. E t c’est ainsi que certains individus se trouvent propulsés au bout de deux ou trois années, avec un peu d’application, au rang des gradés c'est-à-dire le bout de leur quête, la ceinture noire. Des individus qui se sont appliqués à apprendre quelques techniques mais dont l’esprit est resté fermé au côté moral de cette discipline. Et plus ces individus montent dans les Kyu et les Dan et plus ils éprouvent le besoin de s’auto administrer des preuves de ce qu’ils considèrent comme une réussite. Cette montée dans la hiérarchie résout en partie leur mal-être et leurs frustrations. Et la recette est universelle : pour se persuader de leur réussite et surmonter leur malaise l’arme absolue est le « dédain ». Dédain vis-à-vis de ceux qui ne sont pas du même Dojo, mais aussi dédain vis-à-vis des castes inférieures (entendez par là les Dan et Kyu inférieurs). J’étais témoin dans les vestiaires d’une conversation entre 3 gradés dont l’un se plaignait du comportement d’un autre aïkidoka plus gradé que lui qui avait affiché un dédain total à sa sollicitation de travailler une technique ensemble. Cela a dû être un grand moment d’extase pour le petit ego de ce sinistre individu. Le problème est qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, et les maîtres Hamidou et Naceur l’ont répété à plusieurs reprises durant le stage : au-delà de toute considération morale il y a beaucoup à apprendre en travaillant avec moins gradés que soi.
Ami lecteur aïkidoka tu sais autant que moi qu’il y aura toujours dans les Dojo et dans les stages ce genre d’individus qu’on sera malheureusement obligé de côtoyer et de subir ; et comme dit le chanteur français Renaud « on ne choisit pas son bof’ (=beau frère) ». Et toi ami lecteur aïkidoka, ne crois-tu pas que l’apprentissage sans Kyu ni Dan comme au temps de Ueshiba serait plus judicieux ?
A méditer…
Les moments « fun » :
Ce stage a été une occasion de travailler dans la bonne humeur : les maîtres Hamidou et Naceur sont loin d’être des sinistres personnages. Au contraire leur bonhomie naturelle et leurs dons de communicateurs ont instauré un climat de travail agréable et stimulant. Le sérieux du stage est ponctué par quelques rires francs qui ont joué deux rôles :
- Travailler avec plaisir dans une ambiance sereine ;
- Descriptions caricaturales qui marquent encore plus les esprits.
Et puis ne dit-on pas dans notre tradition : « Le meilleur apprentissage est celui qui vient à travers le jeu ». Et toi ami lecteur aïkidoka, qu’en penses-tu ?
A méditer…
Carton jaune :
A Maître Hamidou pour la liberté prise avec l’étiquette. En effet, dans la séance matinale du 2ème jour du stage on a eu un laïus de la part de Maître Naceur qui expliquait l’importance du respect des règles qui régissent les rapports interpersonnels au sein de la communauté Aïkidoka (ce qu’on appelle communément « l’étiquette »). Parmi ces règles, il avait cité un cas qu’il avait ressenti comme source de honte pour lui-même la fois où les élèves de son Dojo avaient été sermonnés par un autre maître étranger au Dojo concernant l’ordre par grade durant les séances de salut en début et en fin de séances. Quelle ne fut ma surprise de voir Maître Hamidou, qui avait dirigé la séance de l’après midi, prendre ses distances (son Mae, il me semble en Aïkido !) avec cette règle en demandant, après qu’on ne soit tous assis en Seiza par ordre de grade pour le salut final, à une jeune Aïkidoka (ceinture blanche, 3 mois de pratique, sans uniforme réglementaire) de prendre place parmi les hauts gradés du fait d’un deuxième Dan en Tækwondo. « Alors Maître Hamidou, quand il y a un feu rouge qu’est-ce qu’on fait ? on s’arrête ou ça dépend…s’il y a un policier qui regarde ou pas ? » NB : Je sais que je prend un grand risque en adressant ce carton à un maître que je risque de rencontrer dans 10 ans pour mon passage de grade en ceinture noire. Mais en fait c’est un risque calculé, car je sais que je prendrai ma retraite avant ! Quoiqu’il en soit Maître Hamidou est avant tout un grand maître et un homme d’esprit qui me « corrigera » à l’occasion si j’ai fait par ignorance une mauvaise appréciation de la situation. Certains aïkidoka qui font pendant leurs moments de loisirs de la psychanalyse au lieu d’aller réviser leur technique d’aïkido, diraient qu’il s’agit là d’un comportement typique du petit nouveau (c'est-à-dire, moi) qui remet en question la hiérarchie et les dogmes.
Réflexion…
La petite correction :
Puisque dans ce qui a précédé j’ai demandé à ce qu’on me « corrige » si j’ai mal appréhendé la situation, j’enchaîne avec la petite correction. As-tu remarqué ami lecteur Aïkidoka que souvent dans les démonstrations d’une technique le maître demande à l’élève, selon le cas, de pousser, de tirer ou de serrer très fort pour qu’il puisse montrer l’efficacité de la technique qu’il est en train d’enseigner, et comment celle-ci arrive à contourner aisément la force brute ? L’élève joue le jeu en « dosant » la force consentie de telle sorte qu’elle puisse offrir le « rebond » nécessaire pour montrer l’efficacité de la technique. Ce dosage de la force et surtout sa « canalisation » dans le sens demandé par le maître, contribue à la réussite de la démonstration. Prenons maintenant le cas où l’élève dépasse le dosage requis ou qu’il ne suive pas l’axe désigné pour exercer cette force, ce qui se traduit par une gêne, ou carrément une immobilisation du maître dans l’exécution de sa démonstration.
Qu’est ce qui se passe à ton avis ami lecteur Aïkidoka ? Le maître va utiliser une autre technique pour s’en sortir ! ce qui est tout à fait normal me diras-tu, puisqu’il doit être vigilant et réactif et utiliser toute sa science en situation extrême. Mais là où cela devient caractéristique, d’une façon pratiquement immuable, c’est quand il y a la petite correction qui suit. Et la correction dépend de la gravité du crime telle qu’elle est perçue par le maître (beaucoup de témoins ou peu – y a-t-il des étrangers parmi ces témoins – est ce que cet élève a engendré cette gêne par calcul ou non…). La sanction universellement suivie est faite d’un enchaînement de 4 à 5 projections ponctuées, dans les cas sévères, par une ou deux immobilisations du genre sankyo ou yonkyo bien étoffées.
Durant cette remise à l’ordre, l’élève reprend son rôle et se borne à canaliser toute sa vigilance sur la chute à venir ( et sur la stricte exécution de sa partition) : l’ordre cosmique reprend son cour !
Ah Ego, Ego quand tu nous tiens. Mais le plus marrant dans l’histoire c’est quand ton propre maître, celui du Dojo où tu pratiques, a joué le mauvais élève en face d’un maître plus gradé que lui.
Prends-en de la graine, ami lecteur aïkidoka, futur maître.
A méditer…
Tunis le 14/04/2009
Aikidocalement votre
1/ L’environnement familier du dojo constitué d’éléments matériels immuables et de partenaires personnalisés procure un certain confort moral. Notre processeur biologique prend possession de cet univers, le catégorise et le considère comme une constante dans le traitement des différentes variables propres à une situation d’apprentissage de nouvelles techniques. On se concentre sur la nouvelle technique et sur sa mise en pratique. Le partenaire dans certains cas est un ami, dans d’autres un proche camarade, mais dans tous les cas de figure on connaît une grande partie de ses forces, ses faiblesses, ses blocages, et on sait par-dessus tout si on peut «travailler» avec lui ou pas. Le dojo participe aussi à ce confort moral en ce sens qu’on est habitué à la qualité de son éclairage, à la disposition de ses miroirs, à l’emplacement de ses piliers, aux bosses de ses mauvais tapis, à son horloge bien en vue qui va raccourcir notre calvaire ou notre plaisir selon le cas……
Le dernier élément de cet environnement familier est le maître de dojo : il en est même l’élément le plus important. Tu reconnais son style, tu as une perception plus ou moins consciente du schéma général de ses déplacements, de l’exécution des techniques, de la conduite de ses séances. Tu peux interpréter son attitude au moment où il évalue l’exécution d’une technique à travers un geste ou un regard.
Ami lecteur aïkidoka ça c’est ton petit univers statique où tu vas paramétrer tes outils de perception pour les adapter à ces constantes. Une fois ce travail accompli, d’une façon quasi- mécanique, tes neurones et tes instincts se concentrent sur les techniques. A toi de voir maintenant, ami lecteur aïkidoka, si l’évolution dans un cadre différent de celui décrit plus haut peut engendrer plus de bien que de mal ou le contraire.
A méditer…..
2/ Un autre élément important qui me pousse à considérer les stages, ou d’une manière générale les regroupements inter-clubs, comme enrichissants, vient de l’exécution même des techniques : s’il est vrai que l’aïkido est «un», il n’en demeure pas moins vrai qu’il est continuellement enrichi par l’apport d’aïkidoka qui ont apporté leur pierre dans cette œuvre monumentale de l’esprit. Des styles particuliers, sans pour autant être des déviations, sont venus enrichir la pratique de l’aîkido par une perception différente, pour ne pas dire originale, des grands principes qui guident cette discipline : je préfère à ce titre là parler de « nuances » en aîkido (nuances aîkidokales ou nuances aîkidoesques ! qu’est ce que tu en penses ami lecteur aïkidoka ?).Ne pas voir ce qui se fait ailleurs revient à réinventer continuellement la roue. Et quel meilleur exemple que la roue pour continuer à tourner en rond dans les méandres giratoires si chers à O’senseï ? Pour ma part j’en ai le tournis ! et toi qu’est ce que tu en penses ami lecteur aïkidoka ?
Réflexion……..
3/ Le fait qu’il n y ait pas de compétition en aïkido vient encore renforcer cette tendance vers les stages et les regroupements inter-clubs. Si la compétition a pour finalité de démontrer la suprématie d’une technique par rapport à une autre, ce qui est loin de l’esprit aïkido, les regroupements sont autant d’occasions de voir comment une même technique est perçue et appliquée différemment en dehors de tout contexte agressif, compétitif ou hégémonique. Cela reflète, si besoin est, l’esprit de tolérance de l’aïkido, par opposition à l’esprit d’hégémonie que tente d’appliquer une technique par rapport aux autres. Qu’en penses-tu ami lecteur aîkidoka ?
Réflexion……
Les moments « plaisir »
Ce stage a été à mon humble avis un grand moment de l’aïkido en Tunisie : c’est comme cela que nous étions quelques uns à le percevoir. Le degré de maîtrise de leur art de la part des maîtres Hamidou et Naceur doit être souligné. C’est un art consommé tant sur le plan du fond que de la forme. Sur le plan du fond c’est un véritable régal de voir autant d’efficacité et d’élégance dans la présentation des techniques.Ce « cour magistral » (n’ayons pas peur des mots) s’appuyait sur des lignes directrices parfaitement illustrées interprétant des grands principes comme: l’absorption de l’attaque du partenaire ; l’action-réaction ; les centres de gravité ; l’ouverture-fermeture ; la prise de possession du centre de l’adversaire ; la perturbation de l’assurance de celui qui attaque ; les déplacements, changements d’axes et autres esquives ; l’efficacité dans l’élégance…..et il y en a certainement d’autres qui m’ont échappé vu mon très humble expérience dans cette discipline.
Sur le plan de la forme, c'est-à-dire de la conduite du stage, il faut souligner le parfait binôme constitué par ces deux maîtres. Il y a de la complémentarité dans les deux styles ; il y a de l’amabilité inné et de l’humilité ; il y a un réel désir de nous éclairer la voie, de nous guider sans démagogie. Il y a une quête continue dans la recherche de formulations variées pour nous expliquer de différentes manières les grands principes de cette discipline. Il n’y a avait ni pédentisme ni arrogance mais uniquement de la passion. Ils se sont adressés à nous avec beaucoup de cœur pour nous transmettre leur art et leur passion. Pour tous ces moments de grand kif que vous nous avez procuré je vous dis du fond du cœur merci et à quand la prochaine ? Je te souhaite ami lecteur aïkidoka de connaître de pareils moments surtout si comme moi, ces derniers temps, tu te poses des questions sur ce que cette discipline peut t’apporter. Le contexte particulier dans lequel j’ai été amené à pratiquer cette discipline fait une grande part à la notion « d’avoir du plaisir à faire ce qu’on fait » ! De grands moments comme ceux qu’on a vécu avec Maître Hamidou et Maître Naceur te réconcilient avec tes choix.
A méditer…
Les moments « à oublier » :
Il est vrai qu’il faut de tout pour faire un monde et la communauté des aïkidoka n’échappe pas à cette règle. Il n’ y a pas que des anges dans cette communauté, loin s’en faut. Les notions d’humilité, d’aider l’autre, de tolérance, d’éternel apprenant, sont loin d’être universellement partagées dans cette communauté. On y trouve beaucoup d’individus qui ont l’assurance et les certitudes des gens à l’esprit étroit. Gravir les échelons en aïkido est une chose relativement aisée étant donné entre autres l’absence de compétition. E t c’est ainsi que certains individus se trouvent propulsés au bout de deux ou trois années, avec un peu d’application, au rang des gradés c'est-à-dire le bout de leur quête, la ceinture noire. Des individus qui se sont appliqués à apprendre quelques techniques mais dont l’esprit est resté fermé au côté moral de cette discipline. Et plus ces individus montent dans les Kyu et les Dan et plus ils éprouvent le besoin de s’auto administrer des preuves de ce qu’ils considèrent comme une réussite. Cette montée dans la hiérarchie résout en partie leur mal-être et leurs frustrations. Et la recette est universelle : pour se persuader de leur réussite et surmonter leur malaise l’arme absolue est le « dédain ». Dédain vis-à-vis de ceux qui ne sont pas du même Dojo, mais aussi dédain vis-à-vis des castes inférieures (entendez par là les Dan et Kyu inférieurs). J’étais témoin dans les vestiaires d’une conversation entre 3 gradés dont l’un se plaignait du comportement d’un autre aïkidoka plus gradé que lui qui avait affiché un dédain total à sa sollicitation de travailler une technique ensemble. Cela a dû être un grand moment d’extase pour le petit ego de ce sinistre individu. Le problème est qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, et les maîtres Hamidou et Naceur l’ont répété à plusieurs reprises durant le stage : au-delà de toute considération morale il y a beaucoup à apprendre en travaillant avec moins gradés que soi.
Ami lecteur aïkidoka tu sais autant que moi qu’il y aura toujours dans les Dojo et dans les stages ce genre d’individus qu’on sera malheureusement obligé de côtoyer et de subir ; et comme dit le chanteur français Renaud « on ne choisit pas son bof’ (=beau frère) ». Et toi ami lecteur aïkidoka, ne crois-tu pas que l’apprentissage sans Kyu ni Dan comme au temps de Ueshiba serait plus judicieux ?
A méditer…
Les moments « fun » :
Ce stage a été une occasion de travailler dans la bonne humeur : les maîtres Hamidou et Naceur sont loin d’être des sinistres personnages. Au contraire leur bonhomie naturelle et leurs dons de communicateurs ont instauré un climat de travail agréable et stimulant. Le sérieux du stage est ponctué par quelques rires francs qui ont joué deux rôles :
- Travailler avec plaisir dans une ambiance sereine ;
- Descriptions caricaturales qui marquent encore plus les esprits.
Et puis ne dit-on pas dans notre tradition : « Le meilleur apprentissage est celui qui vient à travers le jeu ». Et toi ami lecteur aïkidoka, qu’en penses-tu ?
A méditer…
Carton jaune :
A Maître Hamidou pour la liberté prise avec l’étiquette. En effet, dans la séance matinale du 2ème jour du stage on a eu un laïus de la part de Maître Naceur qui expliquait l’importance du respect des règles qui régissent les rapports interpersonnels au sein de la communauté Aïkidoka (ce qu’on appelle communément « l’étiquette »). Parmi ces règles, il avait cité un cas qu’il avait ressenti comme source de honte pour lui-même la fois où les élèves de son Dojo avaient été sermonnés par un autre maître étranger au Dojo concernant l’ordre par grade durant les séances de salut en début et en fin de séances. Quelle ne fut ma surprise de voir Maître Hamidou, qui avait dirigé la séance de l’après midi, prendre ses distances (son Mae, il me semble en Aïkido !) avec cette règle en demandant, après qu’on ne soit tous assis en Seiza par ordre de grade pour le salut final, à une jeune Aïkidoka (ceinture blanche, 3 mois de pratique, sans uniforme réglementaire) de prendre place parmi les hauts gradés du fait d’un deuxième Dan en Tækwondo. « Alors Maître Hamidou, quand il y a un feu rouge qu’est-ce qu’on fait ? on s’arrête ou ça dépend…s’il y a un policier qui regarde ou pas ? » NB : Je sais que je prend un grand risque en adressant ce carton à un maître que je risque de rencontrer dans 10 ans pour mon passage de grade en ceinture noire. Mais en fait c’est un risque calculé, car je sais que je prendrai ma retraite avant ! Quoiqu’il en soit Maître Hamidou est avant tout un grand maître et un homme d’esprit qui me « corrigera » à l’occasion si j’ai fait par ignorance une mauvaise appréciation de la situation. Certains aïkidoka qui font pendant leurs moments de loisirs de la psychanalyse au lieu d’aller réviser leur technique d’aïkido, diraient qu’il s’agit là d’un comportement typique du petit nouveau (c'est-à-dire, moi) qui remet en question la hiérarchie et les dogmes.
Réflexion…
La petite correction :
Puisque dans ce qui a précédé j’ai demandé à ce qu’on me « corrige » si j’ai mal appréhendé la situation, j’enchaîne avec la petite correction. As-tu remarqué ami lecteur Aïkidoka que souvent dans les démonstrations d’une technique le maître demande à l’élève, selon le cas, de pousser, de tirer ou de serrer très fort pour qu’il puisse montrer l’efficacité de la technique qu’il est en train d’enseigner, et comment celle-ci arrive à contourner aisément la force brute ? L’élève joue le jeu en « dosant » la force consentie de telle sorte qu’elle puisse offrir le « rebond » nécessaire pour montrer l’efficacité de la technique. Ce dosage de la force et surtout sa « canalisation » dans le sens demandé par le maître, contribue à la réussite de la démonstration. Prenons maintenant le cas où l’élève dépasse le dosage requis ou qu’il ne suive pas l’axe désigné pour exercer cette force, ce qui se traduit par une gêne, ou carrément une immobilisation du maître dans l’exécution de sa démonstration.
Qu’est ce qui se passe à ton avis ami lecteur Aïkidoka ? Le maître va utiliser une autre technique pour s’en sortir ! ce qui est tout à fait normal me diras-tu, puisqu’il doit être vigilant et réactif et utiliser toute sa science en situation extrême. Mais là où cela devient caractéristique, d’une façon pratiquement immuable, c’est quand il y a la petite correction qui suit. Et la correction dépend de la gravité du crime telle qu’elle est perçue par le maître (beaucoup de témoins ou peu – y a-t-il des étrangers parmi ces témoins – est ce que cet élève a engendré cette gêne par calcul ou non…). La sanction universellement suivie est faite d’un enchaînement de 4 à 5 projections ponctuées, dans les cas sévères, par une ou deux immobilisations du genre sankyo ou yonkyo bien étoffées.
Durant cette remise à l’ordre, l’élève reprend son rôle et se borne à canaliser toute sa vigilance sur la chute à venir ( et sur la stricte exécution de sa partition) : l’ordre cosmique reprend son cour !
Ah Ego, Ego quand tu nous tiens. Mais le plus marrant dans l’histoire c’est quand ton propre maître, celui du Dojo où tu pratiques, a joué le mauvais élève en face d’un maître plus gradé que lui.
Prends-en de la graine, ami lecteur aïkidoka, futur maître.
A méditer…
Tunis le 14/04/2009
Aikidocalement votre
Faouzi Mejdoub
Faouzi.mejdoub@gmail.com
Faouzi.mejdoub@gmail.com
CE commentaire à été formulé par maitre Ahmed Silem sur facebook...
RépondreSupprimertu es le premier eleve qui s est interesse a donner une analyse sur le stage qu on a diriger avec mon ami nasser et partager avec mes amis tunisiens
une analyse tres positive et tres sincere pour cela kais je te tire chapeau tu as parler de de tout technique ambiance joie arogance mepris et ce qui ma vraiment plus tu t es adresser aux aikidokas et c est une meilleur facon de faire de ce stage un grand stage et il a ete un grand stage grace a vous vous lui avez donner par votre presence un cachet partculier tu tres modeste kais tu m as donner de la force pour aller de l avant et ton carton jaune est juste mais je vais te dire une chose on aikido quant on recois un invite d une autre discipline et de surcroit entraineur la meilleur facon de l acceuillir c est de le metre a cote des entraineurs pour lui montrait que l aikido est une discipline d amour et de respect kais tu a ete un entraineur et un eleve tres respectueux tu ma fais aimer plus l aikido avoir des eleves comme toi me donne beaucoup de force j aurai aime t avoir a alger dans ma slle
kais encore merci pour ce que tu fais tu es sur une bonne voie
au plaisir de te lire et merci pour les belle chansons d aznavour
hamid
merci maitre hamid pour tous ses éloges que certainement je ne mérite pas tant...
RépondreSupprimerje voudrais te rappeler que l'article a été écrit par un de mes élève (faouzi mejdoub) et que j'ai trouvé moi aussi une très bonne initiative qui va nous permettre de nous remettre en cause pour bien avancer sur la voie de l'aikido.
Nul n'est parfait... et c'est cette quête inlassable et perpétuelle pour atteindre une technique purifiée et un style parfais qui fait le charme de la vie...