Chuter ou ne pas chuter...

"Il n’y a pas d’en haut, il n’y a pas d’en bas.
Jette-toi çà et là, en avant, en arrière, toi qui est léger, chante, ne parle plus…"
(Nietzsche)

"Chuter ou ne pas chuter, c'est votre problème"
(Me Tamura)

"Si vous vous faites mal en pratiquant l'aïkido, c'est de votre faute, pas celle de votre partenaire.
Vous êtes soit en mauvaise condition physique, soit vous avez fait une erreur de jugement"
(Me Nakazono)

Le plaisir de la chute…
L’ukemi roulé évite d’une part les contacts brutaux avec le sol et donc les lésions, et d’autre part les vibrations et leurs répercutions pneumo-neurologiques ainsi que sur les viscères. Il permet de se localiser dans l’espace autour d’un axe horizontal et fournit une sensation de légèreté. Le fait de rouler libère de l’angoisse d’aller au sol et/ou de se retrouver face ou dos contre terre. L’ukemi, souple et arrondi, joue un rôle important dans l’entretien du rachis et des organes.
Il permet de conserver le contrôle de sa propre position en utilisant le direction de la projection afin d’aborder le sol sans brutalité, pour ensuite se relever dans une position avantageuse pour soi par rapport à l’adversaire. La variété des ukemi correspond nécessairement à l’infinité des techniques de l’aïkido.

Il est bon d’apprendre naturellement les ukemi en étant projeté, progressivement sans forcer les choses. C’est la meilleure manière et il faut en moyenne 3 ans pour les maîtriser. Ce qui signifie qu’au cours de ces 3 années, la peur de chuter disparaît progressivement au fil de l’apprentissage des techniques et de leurs maîtrises. A cette issue, on doit pouvoir se recevoir sur n’importe quelle projection. (Malheureusement l’ukemi, procédé de sauvegarde, voit parfois son véritable rôle dévié au profit du spectaculaire et de la satisfaction de l’égo).

Si sur le plan physique la technique de contrôle de la chute permet d’éviter les lésions que provoque le contact brutal et répété avec le sol, dans l’aïkido, budo d’harmonie, elle prend une signification différente et revêt une toute autre dimension si l’on inclut les notions de roue et de spirale. Apprendre le lâcher-prise et " le saut dans le vide " est la réponse à la contrainte articulaire et/ou, au déséquilibre. Celui qui n’ose pas s’exprimer puis s’élancer dans le vide demeure craintif, rétracté, lourd, replié sur lui-même. C’est pour cela que l’art de la chute est l’un des plus difficiles à embrasser.

En maîtrisant cet art après l’avoir étudié systématiquement, on découvre sur le plan vertical ce que les déplacements nous font percevoir sur le plan horizontal. Cela conduit aussi à "voir et ne rien voir, être partout et nulle part …sauf centré sur soi-même. " "S’aimer soi-même et aimer autrui de façon à vivre dans la dimension spatiale et à pouvoir communiquer ". En apprenant à chuter, en apprenant " à voler ", on fait petit à petit le chemin qui permet de faire face et de poursuivre son chemin. Par la pratique des chutes et l’aisance dans cet art, on ouvre une voie vers " la Connaissance non-connaissante ".

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